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Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle David Dessauge. Je suis ostéopathe depuis 1999, installé à Compiègne et diplômé d'Ostéobio, école d'ostéopathie située au sud de Paris à Cachan. Ostéobio, j'en suis devenu le directeur il y a quelques années en 2015 ce qui prouve mon attachement à cette structure. Notre secteur d’activité est l’ostéopathie donc on se pose la question des opportunités et de l'évolution du métier d'ostéopathe. C'est une profession qui est assez jeune et qui est apparue dans le paysage du monde de la santé lors des années cinquante, à peu près, en France. En fait, cette profession née aux États-Unis existe depuis 1872 très exactement. Elle s'est vraiment développée, démocratisée et sa notoriété a vraiment augmenté à partir des années 70,80. Depuis 2000, l’ostéopathie est reconnue comme une profession à part entière dans le monde de la santé et c'est depuis 2007 que les écoles d'ostéopathie sont agréées et que les conditions d'obtention du diplôme et les conditions de formation font l'objet de décrets et d'arrêtés ministériels. Ostéobio fait évidemment partie de ces écoles qui existent depuis plusieurs dizaines d'années. Ostéobio est notamment la plus ancienne école d'ostéopathie en formation initiale en France, spécialement dédiée à la formation initiale depuis 1988 ce qui fait donc trente-deux ans en 2020. Ostéobio a un projet depuis sa naissance ; un projet et une mission pédagogique ultime qui est d'intégrer l'ostéopathie au monde de la santé et à l'offre de soins en se basant donc sur des publications scientifiques et des validations cliniques. Cela veut dire que dans toute l'offre de pratiques ostéopathiques et dans l'ensemble des protocoles thérapeutiques proposés en ostéopathie on a un petit peu nettoyé tout ce qui n'était pas validé scientifiquement ou qui ne pouvait pas faire forcément l'objet d’une validation clinique. C'est important pour nous. Pourquoi ? Parce qu'on considère depuis la création de l'école qu’un ostéopathe c'est quelqu'un qui doit se comporter comme un professionnel de santé digne de ce nom et c'est donc quelqu'un qui doit faire reposer sa pratique sur une véritable éthique, une certaine déontologie et un retour critique sur sa pratique. Il doit donc s'appuyer sur des validations scientifiques et participer à des travaux de recherche ou en tout cas alimenter sa pratique sur la base de travaux de recherche. Cela, c'est la première évolution du secteur ostéopathique qui doit absolument apparaître dans les années à venir. C'est une forme de nettoyage des concepts originels de l'ostéopathie. L’ostéopathie s'est pendant longtemps appuyée sur des théories ou sur une philosophie du métier qui aujourd'hui peut être discutée et qui est discutable. Il faut donc s'appuyer de plus en plus sur la recherche en anatomie, en physiologie, en neurosciences et en biomécanique pour pouvoir à la fois comprendre le champ d'action qui est le nôtre et les motifs de consultation que nous proposent les patients. Il faut pouvoir aussi comprendre l'efficacité de nos gestes, de nos actes, dans quelles conditions ces actes sont efficaces pour pouvoir comprendre aussi la pertinence, la fiabilité, la reproductibilité de notre examen clinique et de notre expertise clinique. Cela nécessite de mettre en œuvre des travaux de recherche et donc des partenariats hospitalo-universitaires ou avec des laboratoires universitaires. Cela nécessite de participer à des publications, de mettre en place des vrais travaux de recherche dignes de ce nom et cela a un coût humain et financier. Evidemment ça demande du temps, ça demande beaucoup d’obstination, je dirais, et d'abnégation parfois. C'est quelque chose d'essentiel si l’on veut vraiment que le métier progresse et ça nous permet, soit dit en passant, de faire évoluer les protocoles ou les techniques. Par exemple, moi je suis d'une génération où lorsque j'ai commencé mes études on nous disait que l'ostéopathie sur un nouveau-né il n’y avait pas grand-chose à faire parce qu'il n'y avait pas beaucoup de demandes. Or, il s'avère que depuis les années 90 et la campagne de couchage sur le dos des nouveau-nés est apparu un trouble fonctionnel qui s'appelle le torticolis du nourrisson, spécifique à cette catégorie de population et qui nécessite finalement un protocole et des actes très particuliers dédiés aux bébés et adaptés à la morphologie, la biologie et la physiologie d'un bébé. La même chose exactement peut être dite pour une personne âgée, pour un sportif de haut niveau qui répète le même geste à de multiples reprises ou pour une personne au travail. En fait la recherche nous permet d'adapter les protocoles et d'adapter le geste, l’acte technique et thérapeutique en fonction du motif de consultation ou en fonction de la catégorie de population à laquelle on s'adresse. La recherche nous permet aussi d'élargir un peu le champ d'action de l'ostéopathe dans des domaines qu’on peut qualifier d’annexes mais qui sont pourtant très importants : les domaines de l'ergonomie, des gestes et postures, la santé, la qualité de vie au travail et pourquoi pas aussi dans le conseil stratégique en santé ou dans le conseil en geste et postures et en ergonomie. Comme je le disais, dans le conseil logiciel, dans la numérisation ou la digitalisation des pratiques de santé l'ostéopathe à un rôle vraiment très intéressant et très important dans ces secteurs d'activités là. Et aussi dans des domaines très particuliers où l’on va avoir beaucoup de besoins de main d'oeuvre et de compétences : je pense notamment au handicap, à la personne âgée, à la réathlétisation du sportif. Là aussi l'ostéopathe peut avoir son mot à dire et une approche, une philosophie, une pratique ou une vision des choses qui soient vraiment utiles pour le patient et pour les autres professionnels. Encore faut-il que l'ostéopathie puisse s'appuyer sur des connaissances et des compétences qui doivent être validées, qui doivent avoir un minimum de substrats scientifique pour pouvoir assurer un minimum de crédibilité à ce que l'on peut apporter. Voilà, encore une fois, dans les évolutions de notre métier il y a toutes ces choses-là. Vous aurez compris que globalement ça repose beaucoup sur la recherche et le développement et de plus en plus d'ailleurs il y a beaucoup d'ostéopathes maintenant qui sont engagés dans cette voie-là. Il y a enfin un gisement de croissance, si je puis m'exprimer ainsi, qui est extrêmement important et utile pour nos ostéopathes : de plus en plus on arrive à intégrer des structures de santé privées ou publiques, que ce soit des établissements hospitaliers, des cliniques, des maisons de santé, des maisons pluridisciplinaires, des centres sportifs, des instituts de formation sportifs, des entreprises : ça c'est quelque chose de très important pour le développement de notre profession qui n'en est qu'à ses débuts mais encore une fois à travers la recherche et développement et la formation continue on peut espérer développer le métier dans cette voie.